Vous n’êtes pas inquiet sur l’avenir des classes préparatoires après une réforme du bac qui a profondément transformé l’intérêt des bacheliers pour les mathématiques ?
Nous avons quelques inquiétudes après une longue période de stabilité. La réforme a effectivement affaibli le vivier des élèves faisant plus de 3 heures de mathématiques par semaine : nous sommes passés de 330 000 élèves (Bac S + ES) à environ 205 000 (spécialité maths + option maths complémentaires). La « communauté mathématique » a vigoureusement réagi face à cet affaiblissement qui impacte de plus essentiellement les filles. Cela dit, il n’est pas aisé d’identifier, au sein de la population des élèves de terminale, le véritable vivier des CPGE scientifiques.
Nous ne sommes pas à proprement parler inquiets mais vigilants quant à l’évolution des effectifs dans certaines filières de classes préparatoires. Les prépas PTSI ont été fragilisées par la réforme du bac qui oblige à l’abandon de la troisième spécialité en terminale : la spécialité SI (Sciences de l’ingénieur) en a sévèrement pâti.
Un autre point d’inquiétude concerne les classes préparatoires technologiques, qui accueillent des bacheliers STI2D et STL. Elles sont touchées par la baisse des effectifs du lycée technologique, mais peut-être plus encore par l’instauration de quotas de bacheliers technologiques dans les IUT. Nous sommes très attachés à cette belle filière, qui permet de proposer de brillantes trajectoires de réussite à des lycéens ayant choisi plus ou moins volontairement leur orientation pré-bac.
Pourtant cette réforme du bac avait plutôt été bien accueillie en son temps ?
Les nouveaux programmes de mathématiques et de physique de première et de terminale sont d’excellente qualité. Exigeants, mais formateurs, ils ont apporté une réconciliation entre mathématiques et physique très bienvenue et qui donne une idée fidèle de la pratique scientifique. Nous en attendions une réelle plus-value, qui ne s’est finalement pas manifestée. Mais il est aussi vrai que la crise sanitaire est passée par là et que les élèves ont perdu beaucoup d’heures de cours. Cette année, pour la première fois, les spécialités seront évaluées par un examen final dont les résultats seront intégrés à Parcoursup, ce qui est un apport très positif à la procédure de recrutement. Ces dernières années nous avons en effet assisté à un tassement massif des notes vers le haut (très souvent entre 18 et 20) dans les dossiers de candidature, ce qui a rendu la sélection de nos élèves très compliquée.