Un vif débat vous a opposé, ainsi que la Conférence des présidents d'université (CPU), aux ingénieurs de la Cdefi (Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs) autour de la question du niveau du BUT. En résumé la Cdefi considère que le BUT n’apporte pas un niveau significativement plus important que le DUT qui justifierait que ses titulaires entrent en cycle master. Une attitude que n’ont d’ailleurs pas les écoles de management qui recevront les titulaires d’un BUT à ce niveau pour la plupart. Où en est-on aujourd’hui de ce débat ?
Tout part d’une incompréhension de la réforme des études en IUT. Délivrer 2000 heures de cours sur trois ans et un stage long en troisième année c’est un nombre d’heures équivalent aux trois premières années de cours d’une école à prépa intégrée. En BUT on doit suivre au moins 24 semaines de stage et 600 heures de situation d’apprentissage et d’évaluation dans lesquelles s’imbriquent formation et projets en situation. C’est une formation toute nouvelle qui accorde un plus grand degré d’autonomie aux étudiants.
Autre incompréhension : tout le monde n’avait pas compris que la sortie en DUT était orientée vers la poursuite d’études. Aujourd’hui on se comprend mieux avec un respect mutuel pour le cursus de BUT en 3 ans, comme pour le cycle ingénieurs, dont il est préférable de suivre les trois années.
Au bout de deux années en IUT on a parfois un profil qui présente toutes les bonnes conditions de réussite en école d'ingénieurs. Mais nous avons également un public pour lequel trois années sont nécessaires et qui a tout avantage à poursuivre jusqu’en BUT avant de tenter d’intégrer une école d'ingénieurs.
Nous travaillons avec les écoles d'ingénieurs du réseau Polytech pour sécuriser un parcours 3 ans + 3 ans pour un public d’élèves issus d’un bac technologique. Il ne faut d’ailleurs pas non plus oublier que tous les élèves de classe préparatoires n’entrent pas dans une école d'ingénieurs après seulement deux années.
Avec les universités comment se passe la transition ?
Tout dépend du master. Nous travaillons avec les unités de formation et de recherche (UFR) pour offrir une cartographie de ce qui est possible après l’obtention de son BUT. Parfois le BUT peut mener directement en première année de master, parce que le programme s’y prête, parfois il faut mieux passer par une licence 3, après la deuxième année de BUT, dans la mesure où le programme est plus théorique.
Au moment où on a commencé à parler des spécialités du nouveau bac général, un tableau était sorti qui donnait des indications des meilleures spécialités à choisir, à l’époque DUT par DU. Est-ce un travail que vous referez pour les BUT ?
Parmi les 24 BUT la grande majorité ne demandent aucune spécialité spécifique. Dans les BUT Production la doublette Maths et physique-chimie a représenté 22% des reçus cette année. La plupart des jeunes qui postulent en BUT Production ont logiquement opté en amont pour des triplettes puis doublettes largement scientifiques. Mais les mathématiques complémentaires peuvent suffire.
Nous sommes très intéressés par des profils transversaux. Un élève ayant choisir les spécialités Mathématiques et Sciences économiques et sociales (SES) pourrait être classé pour intégrer un BUT dans la production. Même chose pour Sciences de la vie accolée à Langues, littératures et cultures étrangères et régionales (LLCER). Les IUT sont sans doute la structure qui ouvre le plus les portes aux doublettes atypiques. Mais nous regardons aussi de très près les triplettes de première.
Au-delà des spécialités qu’est-ce que les IUT regardent de très près dans les dossiers des candidats sur Parcoursup ?
Nous prenons bien sûr en compte le projet de formation. Nous valorisons beaucoup les réalisations personnelles et l’engagement citoyen. En BUT on peut tout à fait conserver des activités associatives pour garder son équilibre tout en réussissant sa scolarité. Tout cela nous le voyons sur Parcoursup.
Certaines de nos formations essayent également de maintenir des entretiens pour lever certaines ambiguïtés et bien faire comprendre ce qu’on append dans telle ou telle formation.
Il ne faut surtout pas d’incompréhension. Si on a un esprit très théorique il faut sans doute mieux opter pour une CPGE ou une licence. Dans un BUT Production on fait beaucoup de manipulation sur les paillasses, on échafaude des théories et des hypothèses. Il faut aussi savoir travailler en binôme. Et enfin avoir plutôt un projet d’intégration sur le monde du travail après son diplôme.
Le but du BUT c’est d’intégrer le monde du travail ?
L’idée d’une continuation d’études ne doit pas être trop prégnante dans l’esprit des candidats. La mission des IUT est de former des cadres intermédiaires pour nos territoires. Nous proposons l’un des rares diplômes qui donne lieu à un référentiel de compétences édicté par un comité paritaire national avec les partenaires entreprises comme les partenaires sociaux.
A dossier égal un jeune qui a le projet de faire de l’alternance et de travailler sur son territoire sera un profil que nous mettrons en avant. Ensuite il est tout à fait possible d’intégrer le marché du travail avec un bac+3 et de monter ensuite à bac+4 ou 5 par la validation d'acquis de l'expérience (VAE). Nous offrons à aux jeunes une grande souplesse de parcours.
Qu’est-ce que représente aujourd’hui l’apprentissage dans les IUT ?
25% de nos étudiants suivent aujourd’hui leur cursus en alternance. Nous voudrions passer à 30% et même à la moitié quand le BUT sera déployé sur l’ensemble du cursus.
Avec le DUT c’était généralement la deuxième année qui était suivie en alternance puis l’ensemble de la licence professionnelle pour ceux qui poursuivaient. Nous proposons donc différentes formules : une année de formation classique suivie de deux années de formation en alternance, deux années de formation classique puis une en alternance et même trois années en alternance.